La Sainte-Chapelle du Palais au XVIe siècle
Pierre Certon et Claudin de Sermisy
Edifiée au milieu du XIIIe siècle par Louis IX, futur Saint Louis, pour abriter les plus prestigieuses reliques de la Passion du Christ, la Sainte Chapelle du Palais fut un haut lieu de musique et en particulier sous François 1er. Parmi les maîtres de chapelle de cette église reliquaire, Pierre CERTON et Claudin de SERMISY sont les plus illustres.
Pierre Certon (1510 ?-1572)
Né entre 1510 et 1520 près d’Orléans, et mort en 1572 à Paris, Pierre Certon débuta son apprentissage comme clerc des matines à Notre Dame de Paris dès 1529, puis en 1532, il devint chantre à la Sainte Chapelle. Il fut un grand ami de Claudin de Sermisy pour lequel il écrivit une déploration sur sa mort.
Claudin de Sermisy (1490-1562) et la Sainte Chapelle
1508 : La première mention de Sermisy figure dans un registre de la Sainte Chapelle le 19 juillet 1508, où il est mentionné comme clerc. Il quitte cette fonction avant octobre 1509.
1533-1562 : Claudin revient à la Sainte-Chapelle comme chanoine. Il est reçu le 20 septembre 1533 jusqu’à sa mort en 1562. Sermisy n’est plus mentionné qu’après son décès : « Le 13e jour d'octobre 1562 environ 8 heures du soir trespassa Mons. Claude de Sermisy, Chanoine de ceste Saincte Chapelle... pour le regard de la sepulture, sera ensepulturé et ouverture sera faicte de la terre en la basse Chappelle... ».
Missa Ave Sanctissima Maria : La Vierge dans le soleil
L’œuvre centrale que nous étudierons est la Missa Ave Sanctissima (imprimée en 1540 par Attaingnant) de Pierre Certon, dont le thème appartient au motet à trois voix du même nom composé par Sermisy. Attribuée au pape Sixte IV (pape de 1471 à 1484), cette prière se trouve essentiellement dans des livres d’Heures à partir de 1470 et devait être dite devant une image de La Vierge au Soleil (voir photo).
Les premières compositions musicales apparaissent à la fin du XVe siècle et continuent jusqu’au début du XVIIe siècle. La période où se concentre le plus grand nombre de ces compositions coïncide avec l’âge d’or du livre d’Heures, à savoir le dernier quart du XVe siècle et les premières décennies du XVIe siècle. On recense environ 45 compositions de trois à six voix, dont plusieurs sont anonymes. Parmi les auteurs connus, on peut citer Agricola, Claudin, Gesualdo, Mouton, L’Héritier et Pierre de la Rue. Ce dernier est, à notre connaissance, le seul avec Pierre Certon à avoir composé une messe du nom d’Ave Sanctissima Maria. Devant ce nombre impressionnant de compositions à partir d’un texte non liturgique — contrairement à ceux du Salve Regina ou du Regina Caeli, —, on peut supposer que cette prière de supplication adressée à la Vierge tire en partie sa popularité de l’indulgence de 11 000 ans (!) qui y est attachée.

